Les outils pour s’y retrouver en période incertaine
Planifier demain est une activité organisationnelle cruciale que toute entreprise se doit d’effectuer afin d’établir les priorités, bien allouer les rares ressources et encourager tous les pans de l’organisation à travailler à la concrétisation d’objectifs communs. Dans ce processus de planification, les entreprises tentent souvent de prévoir le comportement de leurs variables fondamentales telles que les recettes et les profits ou, dans le cas d’institutions financières ou prêteuses, le rendement de leurs portefeuilles. Alors les stratégies se fondent sur des cibles inspirées de ces prévisions. Cependant, et c’est toujours le cas, cette approche ne tient pas compte de plusieurs facteurs externes qui peuvent miner le fonctionnement journalier de l’entreprise. Cela peut mener à une planification déficiente, suivie de cibles ratées et de confusion au sein du processus organisationnel.
Dans ces circonstances, la gestion doit prendre conscience du fait qu’une entreprise ne peut exister ni exploiter ses activités à vide. Le rendement commercial et financier de chaque entreprise est touché (parfois à divers degrés) par la transformation des conditions économiques. Les entreprises ont tendance à réussir le mieux dans une économie prospère et, à l’inverse, leur rendement a tendance à souffrir lors d’un ralentissement économique. L’effet des conditions économiques a tendance à varier selon l’industrie et l’emplacement géographique de l’entreprise aussi.
Par conséquent, bien qu’élaborer une stratégie ciblée puisse permettre à une entreprise de bien accomplir quelques activités, l’omission de tenir compte des facteurs externes peut faire dérailler ces plans lorsque les imprévus surviennent.
Allier prévisions stratégiques et planification de scénarios prépare mieux les entreprises en les dotant de plusieurs prévisions et en liant chacun à un scénario particulier ou à une condition économique particulière. Des prévisions qui tiennent compte de l’étendue des grands événements économiques, sociopolitiques ou naturels transforment les processus journaliers des entreprises, ce qui, à son tour, modifie le rendement des recettes, des profits ou des portefeuilles. Ces prévisions fondées sur des scénarios permettent aux entreprises de prendre des décisions qui tiennent davantage compte de l’environnement commercial actuel et créent des cibles adaptées à cet environnement.
Le processus de planification de scénarios comprend simuler divers scénarios « par simulation » réfléchis qui saisissent la portée des possibilités qu’un événement peut engendrer à la lumière d’une série macroéconomique et lier ces possibilités aux cibles financières ou au rendement des portefeuilles. On peut formuler ces scénarios soit en écoutant les conseils des organismes gouvernementaux tels que la Réserve fédérale, qui offre des lignes directrices permettant d’établir des scénarios de simulations de crises, ou en les personnalisant en tenant compte des conditions particulières de l’entreprise.
Les prévisions de scénarios aident à comprendre comment les facteurs économiques externes et autres peuvent toucher un portefeuille.
Bâtir des scénarios sur mesure demeure l’étape la plus cruciale du processus de planification de scénarios. Elle comprend bâtir certaines trajectoires de rechange mais éventuelles et plausibles par rapport à un événement particulier. C’est une activité systématique et créative avec des éléments d’économie, de statistique et de mathématiques intégrés au processus. Elle exige de quantifier les répercussions d’un événement au fil du temps, en tenant compte des interactions complexes entre les déclencheurs de scénarios.
Les déclencheurs de scénarios ou les moteurs décisionnels sont les principales variables qui entrent en jeu et qui influent sur la question de planification à l’étude. Dans les cas les plus courants de planifications de scénarios, ces déclencheurs sont de nature économique (p. ex., le PIB ou l’emploi), mais pourraient fort bien découler d’autres aspects aussi, y compris les données démographiques (p. ex., la population), sociopolitiques (p. ex., le sentiment d’événements médiatiques) ou climatiques (p. ex., des crêtes de tempêtes) – tout ce qu’une entreprise peut juger pertinent à sa question de planification centrale. Même si une institution financière sera plus intéressée au nombre de comptes de cartes de crédit compris dans son portefeuille qui peuvent devenir gravement délinquants en cas d’effondrement de l’économie éventuellement, une entreprise d’assurances peut être intéressée par le taux de rétablissement des activités dans la région qu’elle dessert après que la région aura été frappée par une catastrophe naturelle telle qu’un ouragan ou un feu de forêt.
Une fois la plupart des scénarios pertinents déterminés, ils peuvent être appliqués à la question de planification à l’étude. Tout comme les scénarios mêmes, la question de planification centrale peut être très diversifiée. Elle pourrait être aussi cruciale qu’un exercice de simulations de crises d’une société de portefeuille bancaire, qu’elle mène dans le cadre de son processus de conformité à la réglementation, ou qu’un exercice de gestion de portefeuille réalisé par une banque régionale pour examiner la vigueur de son portefeuille. Elle pourrait comprendre la planification par les entreprises de questions stratégiques comme le Brexit ou les modifications à la politique monétaire par la banque centrale d’un pays.
Bien qu’il ne soit pas humainement possible de prédire l’avenir avec précision, la planification de scénarios jumelée aux prévisions stratégiques offre une bonne approximation de la façon dont certaines variables clés et leurs volumes se comporteraient dans les trajectoires évolutives de demain. Surveiller les principaux indicateurs, même dans des conditions économiques en apparence à faible risque, aidera les entreprises à suivre de près les transformations prévues depuis une distance raisonnable face à demain et à se préparer à toutes éventualités en évaluant l’efficacité des stratégies de rechange selon divers scénarios.